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Seul dans l'art troublé

Kurt Ryslavy


Vernissage le 30 mai 2009 à 19h00
Performance conçue par Kurt Ryslavy à 19h30

Exposition du 3 au 20 juin 2009,
du mercredi au samedi de 15h à 20h et sur rendez-vous

au Commissariat, 13 rue Ternaux, 75011 Paris


Faire que les réseaux économiques et sociaux se croisent constitue une des préoccupations principales de Kurt Ryslavy. Il est en effet collectionneur d’art contemporain et d’objets d’art, peintre expressionniste à l'abstraction un peu fade et artiste conceptuel aux propositions machiavéliques. Pour chapeauter le tout, ces vocations diverses sont reliées par la profession officielle de négociant/importateur de vins autrichiens en Belgique. Au programme donc un tissage judicieusement centré, avec modestie et humour, sur sa propre personne.
Car la dématérialisation de l’œuvre d’art supposait bien un rapprochement de l'art et de la vie, mais elle a aussi pour corollaire historique une contamination entre objets artistiques et fonctionnels. C'est la marchandise dans toute sa splendeur, celle à laquelle on accorde des propriétés qui la transcendent, qui sert de révélateur à la pratique de Kurt Ryslavy.


One of Kurt Ryslavy's main concern is to bring together his various economic and social networks as much as possible. He is indeed a collector of contemporary art and design, as well as a relatively tasteless abstract painter and a conceptual artist specialized in tricky proposals. On the top, his multiple vocations meet in his official job, importer of Austrian wines in Belgium. A program appropriatly focused on his own self, with modesty and humor.
The dematerialization of the art object implied an always greater proximity of art and life, but it also induced, as an historical corollary, a contamination between artistic and practical objects. It is through the perfect shine of commercial practice, the commodity in all its splendor, gifted for the occasion of transcendental properties, that Kurt Ryslavy’s practice may be revealed.

Voir le livret / read the booklet

 

 

 

 

 

 

 

Compte rendu de Kurt Ryslavy

"Au cours du vernissage, on mit à la disposition du public un catalogue spécialement conçu pour l’exposition,“Place Van Hoegaerde, 22 Van Hoegaerdeplein” et contenant des clichés photographiques de l’intérieur de la maison de l’artiste, Kurt Ryslavy, par la photographe Helen Herman ainsi qu’un texte de Damien Airault, commissaire de l’exposition.
L’installation avait pour but de recréer une atmosphere semblable à celle de la maison du n°22, Place Van Hoegaerde à Bruxelles. A cet effet, on avait installé dans la galerie des objets originaux provenant de la maison bruxelloise, ainsi que d’autres pièces de mobilier louées ou empruntées. On avait également suspendu au mur le portrait encadré en or de Ryslavy (présentation du livre “EUROPÄER” 2007) et dressé une table ornée d’une nappe et de fleurs fraîches, avec des bouteilles de vins ainsi que des publications de l’artiste. Quatre personnes de l’équipe du Commissariat, uniformément habillées en serveurs et serveuses (pantalon noir et chemise blanche) prenaient en charge les visiteurs de l’exposition et leur servaient du vin dans des verres de location.
La performance commença à 19h45 ; dès que Damien eut délimité l’espace devant la vitrine avec du ruban plastique rayé, Momo, le communicateur en chef du quartier de la Rue Ternaux, se mit à peindre de vert les volets de la galerie, fraîchement poncés pour faciliter l’avancement des travaux. Kurt, vêtu d’un costume en lin tissé main et taillé sur mesure, se dirigea dès le début de la performance dans le restaurant bourgeois voisin Le Villaret », accompagné de quatre jeunes femmes élégantes cueillies au début du vernissage, et enchantées de cette invitation « surprise ». Les quatre personnes de l’équipe du Commissariat avaient pour mission, en cas de vente d’un catalogue de l’artiste, d’indiquer à l’acheteur que l’artiste dînant dans le restaurant voisin, dédicacerait volontiers ces publications sur demande, tout en demeurant à table. Une dizaine de demandes furent ainsi déposées et exaucées.
L’idée de la rénovation des volets avait germé de l’intention d’améliorer in situ les conditions pour provoquer la vente (des diverses œuvres d’art, publications, bouteilles de vin etc.), vécue et affirmée par l’artiste comme “nécessaire”, en créant une atmosphère semblable à celle de la maison du 22, Place Van Hoegaerde : celle-ci présente intentionnellement l’ambivalence entre une atmosphère privée et publique ou encore culturelle et commerciale.
Le Commissariat cherche, au contraire, à
préserver une image underground et des productions low-budget.
L’artiste eut l’idée de s’absenter avant le début du vernissage pour aller dîner dans le restaurant bourgeois voisin lorsqu’il apprit de la bouche des galeristes qu’il n’y avait jamais eu de contact entre les clients du restaurant et le public de la galerie, et encore moins d’échange; il s’agissait apparemment de deux classes, voir même de deux castes différentes.
Il n’en fallait pas moins pour éveiller l’inspiration espiègle de l’artiste, confronté comme il l’était à un véritable casse-tête face à la stratégie de communication adéquate pour cette première parisienne ; en effet, les organisateurs de l’exposition lui avaient accordé une liberté totale concernant l’animation de la performance d’ouverture de l’événement. Face à cet enthousiasme débordant, l’artiste n’a pu s’empêcher de concevoir une performance en forme de pied-de-nez in situ aux conceptions économiques sur lesquelles repose la galerie."