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The True Artist

Triangle France, Marseille, du 26 septembre au 25 octobre 2008

avec Véronique Dutilly, Heather et Ivan Morison, Giorgio Sadotti, Paul Tarragò, Emily Wardill

On pourrait résumer cette exposition à une seule œuvre : une liste de Giorgio Sadotti qui dresse, sous le mode de la caricature (ou de l'auto-portrait), le portrait du "vrai" artiste ("the true artist").
Le "vrai" artiste de Sadotti est détaché de tout ce qui l'entoure, a un avis sur tout et n'importe quoi. Il est caractériel, poseur, toujours sincère, incontestablement original quoique extrêmement normal à bien des égards. Contradiction personnifiée, il oscille constamment entre prendre la tangente ("Le vrai artiste regarde souvent par terre") et affirmer des positions définitives ("Le vrai artiste dit non"). Partant de ce fantasme, l'exposition questionne la place que se donne l'artiste dans notre société et celle que la société lui donne en retour, en interaction avec les éléments auxquels il se frotte quotidiennement : ses collègues, ses sources d'inspirations, ses Maîtres, ses lubies...
Succession millimétrée de gestes altruistes et radicaux, imbroglio de références connues, pop ou mystiques, délectation formelle, recherche du geste pur, de l'idée géniale, parfois inaboutie, l'exposition montre "the true artist" comme un malin qui s'ignore ou qui en joue, comme pour échapper au rôle ou à l'étiquette que le monde entier lui assigne. Prises au énième degré, les attitudes dont parle Sadotti n'ont alors plus rien de personnelles, elles sont elles-mêmes des œuvres d'art. Des protocoles d'attitudes qui répondent à des us et coutumes dictés par, disons, la mode ("Un vrai artiste porte des jeans"), la morale ("Le vrai artiste ne souffre pas"), les codes sexuels ("Le vrai artiste mène une vie sexuelle sauvage mais protégée"), les diktats sociaux ("Une vrai artiste est enceinte")... Dès lors les autres travaux présentés dans l'exposition agissent à la fois comme des rappels, mais aussi et surtout comme les symptômes d'une allergie à ces postures toutes faites. Par conséquent, l'ensemble n'est pas construit autour de personnalités, mais de travaux qui proposent chacun des façons de prendre ses responsabilités, sans trop en rajouter, de se positionner dans la Grande Histoire, de se montrer en creux ou en relief de celle-ci. En définitive, ces œuvres se demandent s'il peut exister, quelque part, une quelconque vérité, et si quelqu'un peut se permettre de la dire.
Dès lors, cette exposition ne parle pas de la misère du monde, elle n'émet pas d'avis sur l'économie, les identités, le politique, les extra-terrestres, etc. Elle préfère jouer l'humour fin par la mise en abyme vertigineuse des préjugés. Elle essaie en somme, avec un nombre restreint de pièces, de parler d'art, de sa place, et de quelques inconnus qui le font.

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The True Artist

Triangle France, Marseille, from the 26th of september to the 25th of october 2008

with Véronique Dutilly, Heather et Ivan Morison, Giorgio Sadotti, Paul Tarragò and Emily Wardill

 

 

This exhibition could be summed up in a single work: Giorgio Sadotti's list, which draws – as caricature (or self-portrait) – the portrait of the 'true' artist.
Sadotti's 'true' artist is detached from their surroundings, has an opinion about anything and everything. Quick-tempered, a poseur, always sincere, they are indisputably original though in many ways extremely normal. Contradiction personified, they continuously oscillate between going off on tangents ('True artists look at the floor often') and asserting definitive positions ('The true artist says no').
Beginning with this fantasy, the exhibition questions the place that the artist takes in our society and that which our society gives them in return, in interaction with elements that they rub up against every day: their colleagues, their sources of inspiration, their Masters, their whims…
Precise succession of altruist and radical gestures, imbroglio of well-known references, pop or mystical, formal delectation… search for the pure gesture, the brilliant idea (sometimes unachieved), the exhibition shows 'the true artist' as cunning but oblivious or playing on it, as if to escape a role or tag that the entire world gives them. Taken as second degree, Sadotti speaks of attitudes that are no longer personal, they are works of art in themselves: processes of attitudes that respond to habits and customs dictated by, let's say, fashion ('A true artist wears denim'), morality ('The true artist does not suffer'), sexual codes ('True artists have wild but protected sex'), social dictums ('The true artist is pregnant')… Accordingly, the other works presented in the exhibition act as reminders, and more importantly as symptoms of an allergy to these ready-made postures.
Consequently, this ensemble isn't built around personalities, but works, which each propose ways to take responsibility, without exaggeration, to position oneself in History with a capital H, and to put oneself in front of or behind it. Ultimately, these works ask if somewhere, some kind of truth exists, and if so does anyone have the right to speak it?
Accordingly, this exhibition doesn't address world misery; it doesn't express an opinion about the economy, identities, politics, aliens, etc. It prefers to use subtle humour with a breathtaking mise-en-abime of pre-judgements. In sum, it tries, with a limited number of pieces, to speak about art, its place, and a few strangers who make it.

written with Dorothée Dupuis©2008

 

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