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Les affres du premier degré

 

Une exposition du séminaire d’initiation à la recherche « Le geste spéculatif »
Etudiants de 4ème et 5ème années de l’option « Art », mention « Corps/Espaces »


avec Camille Audebert, Carole Bertaux, Nicolas Blervaque, Jacques Buelens, Margot Cannevière, Florent Djeghloud, Cyril Favory, Kelly Fene, Laurene Guarneri, Mickaël Halley, Stefanie Hayes, Victor Hélary, Germain Henry, Jean-François Herpin, Morgan Herrero, Amandine Osouf, Mira Park, Renaud Régnier

Vernissage le lundi 10 février à 18h

Exposition du 10 au 21 février 2014
Du lundi au vendredi de 10h à 17h30

Ésam Caen/Cherbourg
17 cours Cafarelli
14000 Caen



Photographie : Gyan Panchal


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un président défile dans la ville debout dans une voiture un garde du corps armé d’un sniper se trouve sur un toit il regarde le président dans sa lunette et sans faire exprès il presse la détente le président est touché on demande au tireur d’élite pourquoi il a fait ça il dit que c’était un accident qu’il avait eu mille occasions de tuer le président depuis le temps et que personne n’est à l’abri d’une étourderie alors ça cause tout le monde est bien embêté le président est mort pourtant personne n’avait rien contre lui il est mort par inadvertance alors on sait pas quoi faire le garde du corps s’excuse c’est pas un mauvais garde du corps on lui dit qu’on lui trouvera un autre président à garder en attendant le garde du corps est en week end il pense à tout ça en se promenant dans la rue un sdf lui demande une pièce il lui dit non le sdf s’en va en grommelant le garde du corps va au travail le lundi il n’a plus personne à garder alors on lui dit de faire le café et que faire le café sera peut être la seule chose qu’il fera pour longtemps c’est la merde le garde du corps se plie aux basses exigences des flics de bureau les années passent le garde du corps a une calvitie et des rides il est tout déconfit tout penaud il est proche de la retraite on lui dit qu’il va être licencié sauf que celui qui lui dit ça c’est le sdf qu’il rencontra des années plus tôt en fait le sdf avait une fausse barbe et dessous c’était le président il jouait un double rôle depuis le début c’était une conspiration préparée avec soin depuis des lustres

J’étais seul chez moi, fixant d’un regard morne les gens qui passaient sous ma fenêtre. Trouvant le temps long je m’imaginais en train de coller sur le front de chaque badaud une étiquette sur laquelle était écrit le nom d’un animal lui ressemblant familièrement. Parfois j’hésitais longuement à donner le nom de la bête correspondante, mais ceci fait, j’assignais à ma cible un type de caractère propre à son apparence animale. En voyant un homme à la tête de chat je concluais qu’il s’agissait d’un individu habile, prudent, autodidacte et taciturne. En repérant une femme aux grosses lunettes je concluais qu’il s’agissait d’une femme mouche passant son temps à importuner son entourage — s’il en fut un — et qui se plaisait très certainement à fourrer son nez dans les coins les plus insalubres de la ville. Ce jeu — bien qu’il me permette durant de tels jours de ne pas sombrer dans l’ennui le plus glauque — se voit dénué d’intérêt dans la mesure où le café installé juste en face de chez moi n’attire exclusivement que des leveurs de coudes professionnels qui disposent à peu près tous de la même allure déconfite de chacals véreux. Ainsi chaque jour, la chance de trouver des animaux réellement dignes d’intérêt au sein du quartier se voit radicalement restreinte par la présence de ce misérable établissement.

Victor Helray

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